vendredi 17 février 2017

Le baptême de la ferme

Je reviens après un petit moment de silence, ces derniers jours ont été plutôt bien occupés et ma seule hâte le soir était de dormir tellement j'étais fatiguée, mais de la bonne fatigue bien sûr.
Lorsqu'on arrive dans un endroit et que l'on sait que l'on va y rester longtemps, il faut un moment d'adaptation, se faire à l'idée que cet endroit sera notre maison, notre chez soi pour un certain temps. Puis après, on se rend compte de nos petites habitudes, des personnes que l'on rencontre tous les jours, à qui on adresse un sourire, un bonjour, une petite blague. Et à c'est là que l'on réalise que c'est bon, tout est rodé et j'ai du mal à réaliser que ma venue ici n'est qu'un petit séjour parmi eux et qu'un jour il faudra s'en aller, c'est comme si j'allais rester ici pour toujours. Je pense à cela mais j'ai encore 4 bons mois à passer à la ferme seulement parfois les pensées viennent et ce soucis de l'attachement arrive aussi. Ayant déjà expérimenté ça au Togo je sais ce que c'est et je sais comment je me sentirai à mon retour et que ce ne sera pas facile mais 6 mois ce n'est pas rien, en 6 mois j'en ai le temps de tisser des liens. 
Je ne pourrais pas m'arrêter de parler de cette bienveillance constante dans la ferme, du respect, de la bonne humeur et de l'amour qui règne ici. Bien sûr il y a parfois des problèmes, des soucis de communication et des soucis dans les relations mais il y a aussi beaucoup de prise de recul, de la non violence et des discussions. Les choses sont réglées dans le calme. 

Maintenant je vais vous donner plus de nouvelles sur ce que j'ai fais ces derniers jours. Le week-end dernier avec des volontaires nous sommes allés dans une autre communauté de Gawad Kalinga, c'est un village de 400 familles, c'était une très belle expérience, nous avons dormi chez une famille avec 3 autres volontaires et la famille était très gentille et accueillante (comme beaucoup ici). Nous avons aidé le village à construire des maisons, nous avons joué avec les enfants et passé du temps avec les personnes de la communauté. C'est un sacrée moment de partager avec eux nos histoires et d'entendre les leurs et entendre leur passé difficile. 

A la ferme je fais aussi beaucoup de "tours" en binôme avec un étudiant, c'est à dire que lorsque des invités viennent (souvent des écoles, des classes) nous leur faisons visiter la ferme et nous leur montrons les différentes entreprises sociales, les plantations, les animaux, etc. Ce n'est pas toujours évident de faire des tours à des classes car c'est souvent des jeunes plutôt riches d'écoles de Manille qui n'ont jamais mis les pieds dans une ferme qui viennent. Le contraste entre les étudiants de la ferme et les étudiants de la ville est impressionnant, leur niveau de maturité surtout.
Je vais vous expliquer maintenant pourquoi j'ai donné ce titre à mon article, j'étais justement à faire un tour à une classe d'école primaire, ils avaient environ 10 ans. Nous avons fait le tour des permacultures et dans les permacultures il y a un petit bassin avec des poissons à l'intérieur, une des jeunes s'est approchée un peu trop près et a fait tomber son portable dans le bassin... L'étudiante avec qui je faisais le tour (qui fait deux têtes de moins que moi)  a voulu aller chercher le portable mais c'était trop profond pour elle, elle aurait presque dû nager dedans, du coup qui s'est portée volontaire pour y aller? C'est bibi!! Du coup me voilà les pieds dans la vase et l'eau bien propre jusqu'aux cuisses en train de chercher un portable qui avait probablement disparu dans la boue. Miracle! Portable retrouvé et qui fonctionnait encore très bien (cette ferme est vraiment enchantée). Pour me remercier, la petite a qui appartenait le portable m'a offert une glace. Sacré moment!! La nouvelle est allée plutôt vite, l'après-midi tout le monde était au courant de mon baptême dans le bassin à poissons. C'est un stage assez diversifié comme vous pouvez le voir. Mais je me sens vraiment bien et dans mon élément ici à la campagne. 

Sinon 6 nouveaux volontaire français sont arrivés depuis la semaine dernière, ça fait beaucoup de nouvelles personnes d'un coup mais c'est aussi sympa de leur faire découvrir la ferme. La plupart des volontaires viennent d'écoles de commerce, pas tout le temps évident de trouver sa place dans les discussions en étant d'une petite école de formation humanitaire. Mais en les entendant parler de leurs études et les cours je suis bien contente d'être là où je suis et c'est vrai que je réalise que le côté humain et le terrain est primordial dans une formation. 

Cette après-midi je vais jouer au basket avec les étudiants, je suis déjà allée les voir jouer, j'ai mis un ou deux paniers et ils voulaient absolument que je joue avec eux, je me suis donc décidée à y aller aujourd'hui. Passer du temps avec eux est important et cela montre aussi qu'on s'intéresse à eux et j'ai sincèrement envie d'apprendre à mieux les connaître, avoir une passion en commun aide déjà à bien s'intégrer. 

Voilà pour les quelques nouvelles, je vous dis à bientôt pour un prochain article. 😊






PS : J'ai fais une petite interview avec Ouest-France dimanche dernier, je ne sais pas quand l'article paraîtra, je dois encore leur envoyer des photos. 

lundi 6 février 2017

Le jardin merveilleux

J'ai commencé à lire un livre que m'a offert une très bonne amie pour mon anniversaire "Contes très merveilleux", c'est un recueil de contes des quatre coins du monde et j'essaye d'en lire un par semaine. Celui que j'ai lu hier m'a particulièrement marqué. Je crois beaucoup aux "signes" dans la vie, que les choses sont liées les unes aux autres et qu'elles n'arrivent pas par hasard. Je ne vais pas vous raconter tout le conte mais je vais vous faire un petit résumé pour que vous compreniez. Cela parle d'un jeune sage a qui on a ordonné d'aller en ville utiliser tout l'or que lui a apporté des braves gens pour acheter les meilleures graines qui existent et réaliser un beau jardin dans la steppe aride pour que les plus pauvres viennent s'y reposer et s'y nourrir. Cependant, il croise sur son chemin un marchand qui avait capturé des centaines d'oiseaux rares provenant de la montagne qui paraissaient très mal en point, il décida de payer le marchand pour libérer les oiseaux et n'acheta pas de graines. Sur le chemin du retour il se sentit mal d'avoir utiliser l'argent de cette manière, mais au moment où il arriva sur le terrain où devait se trouver le jardin, les centaines d'oiseaux arrivèrent et déposèrent pleins de graines sur le sol, de ces graines des arbres poussèrent presque instantanément et offrirent de très beaux fruits. Au début, des riches se précipitèrent pour voir ce jardin merveilleux et goûter à ses fruits, mais les branches des arbres se rétractèrent et impossible pour eux de cueillir les fruits. Beaucoup plus longtemps après, des pauvres gens arrivèrent, les branches se baissèrent pour leur donner leurs fruits, ils pouvaient aussi se reposer sous l'ombre des arbres. 

Comment vous dire que le jardin merveilleux m'a de suite fait penser à la ferme enchantée et que les oiseaux très affaiblis, sur le point de mourir m'ont fait penser à ces étudiants, sortis de la pauvreté, la misère, la guerre, la prostitution, et j'en passe et qui ont maintenant une vie meilleure. Ils plantent leurs graines qui font pousser des plantes mais aussi des belles petites entreprises sociales. 

La dernière phrase de ce conte m'a particulièrement marqué : "Le jardin merveilleux existe quelque part encore aujourd'hui. Puissent vos pas vous y mener un jour."
Je crois que mes pas m'y ont mené. 





J'ai pris ces photos ce matin même au lever du soleil.