Je viens de terminer un livre qui m'a fait beaucoup réfléchir sur notre quotidien, sur l'émerveillement et notre comportement de tous les jours, il s'appelle "Manifeste vagabond" je l'ai découvert par hasard dans le dortoir où je suis. Je voulais vous partager un extrait :
"J'ai répété à voix haute ces mots de Thoreau : "Si nous prenions un instant pour cheminer en notre misérable compagnie, si nous ne souhaitions aucun mal, si nous cessions d'exister pour devenir pareils au cristal qui reflète un rayon de lumière, que ne refléterions-nous pas ! Quel univers apparaîtrait tout autour de nous, cristallisé et lumineux !"
Nous sommes des phares dans la nuit qui balancent leurs rayons dans l'inconnu. Parfois cette lumière sauve, le plus souvent elle tourne dans le vide. Qu'importe. Le vagabond se contente de rayonner. Ses actions ne sont pas rentables, elles visent la grâce. Il vit pour la beauté du geste.
Nous sommes des phares dans la nuit qui balancent leurs rayons dans l'inconnu. Parfois cette lumière sauve, le plus souvent elle tourne dans le vide. Qu'importe. Le vagabond se contente de rayonner. Ses actions ne sont pas rentables, elles visent la grâce. Il vit pour la beauté du geste.
Le vagabond est d'abord un homme relié à la dimension sensuelle et spirituelle de son être. Les pieds soudés à la terre, il croit aux elfes, aux esprits des bois. Ses vibrations trouvent un écho dans la nature. Sa façon d'être au monde est fondatrice.
Les scientifiques soutiennent que le battement d'ailes d'un papillon peut modifier la genèse d'un cyclone. Nos émotions pourraient alors avoir une répercussion sur l'énergie globale de la planète. L'air devient irrespirable dans le malheur. Conscients de l'unité organique de l'univers, nous devenons responsables de ce que nous donnons au monde.
La nature ignore la dualité. Elle est une inspiration et une expiration continues. Lorsqu'elle reprend son souffle, c'est la seconde magique ou tragique. L'éclosion de la vie.
[...] Ce n'est pas la tempête que l'on aime, mais le bateau qui en revient. Ce ciel déchiré semblait me dire : sois comme un soleil d'orage. Rayonne dans le tourment.
Comment ne pas avoir confiance en la vie face à une telle splendeur née du chaos ? Tous mes voyages, mes quêtes, mes errances m'ont mené à cette injonction : aime au-delà des apparences. Cherche le merveilleux. Il est là, toujours en attente. Les soleils d'orage nous montrent la voie : toute déchirure est ouverture."
Ces mots ont raisonné en moi et je les ai trouvé très justes.
Je voulais vous parler d'autre chose aussi, lundi dernier, ma responsable de stage a parlé devant toute une assemblée qui rassemblait les volontaires, les étudiants de la ferme et quelques personnes de la communauté. Elle a parlé d'un point sensible de sa vie, pour faire court elle a revu son père il y a peu qu'elle n'avait pas vu depuis 15 ans. Elle a eu pas mal de problèmes dans sa famille à cause de cela.
C'est une femme que je vois tous les jours, concrètement elle court partout, elle a beaucoup de responsabilités ici et elle s'est forgée une sorte de carapace à émotions. Elle porte énormément sur ses épaules et je l'ai vu très peu souvent se reposer ou prendre du temps pour elle. Je m'entends bien avec elle mais je n'ai pas plus de relations avec elle que ça.
La voir raconté ce passage difficile de sa vie devant tout le monde et fondre en larmes m'a profondément touché. Mais je crois que les larmes montrent simplement qu'elle est humaine, comme chacun, que malgré qu'elle soit ma "supérieure" et celle de beaucoup de personnes dans la ferme, elle n'a pas eu honte de raconté son histoire. Cela la rend d'autant plus respectable et courageuse. Et croyez moi ou non, les relations de travail et la communication change, cela nous aide à comprendre certains de ses agissements et son comportement et savoir pourquoi elle agit de cette façon.
Je trouve cela tellement dommage toutes les murs que l'on construit entre les générations, cette hiérarchie entre les personnes ainsi que les barrières qu'on se met à nous-même à ne pas vouloir parler de notre vie. Au fond de quoi avons-nous peur ? Pleurer ? C'est montrer que nous sommes vivants. Je crois qu'on peut bien tout risquer.
Ici je suis amie avec des personnes de 3 à 70 ans et chacune m'apporte quelque chose de différent pour me construire. Il est aussi dommage de passer sa vie seulement avec les personnes de notre âge, nous avons tant à apprendre entourés de toutes les générations. Et le respect est le même, c'est la sagesse qui est différente.
Tony Meloto m'a demandé de parler devant les étudiants et la communauté. Parler de moi, de mon école et de ma spiritualité, de mon histoire en globale. Comme ça à l'improviste. Je faisais partie de l'assemblée, je n'avais pas prévu quoi que ce soit. Si on ne se met pas d'objectifs et de challenges à nous-même, les autres se chargeront de le faire à notre place, inconsciemment. Ce n'est pas facile de parler de sa vie, de passer par les choses compliquées que l'on aimerait éviter d'évoquer, mais c'est nécessaire. Nécessaire pour comprendre là où nous en sommes aujourd'hui, pour se poser des questions sur nous, notre comportement, nos actions et nos pensées et envisager notre avenir.
Je me sens un peu loin des élections présidentielles mais je me force à m'intéresser, m'impliquer, écouter, comprendre, réfléchir. Parce que cela fait partie de mon avenir. J'espère simplement revenir dans une France plus apaisée. Malgré les attaques terroristes qui persistent. Je crois que revenir à la base de la vie, la nature et la solidarité est le plus important. "Nous n'héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants." -Antoine de Saint-Exupéry.