lundi 15 mai 2017

Anniversaire et Bayani Challenge

Tel le petit prince sur sa planète, j’aime regarder les couchers de soleil chaque soir différents et plus beaux les uns que les autres. J’aime beaucoup ce moment de la journée très apaisant lorsque je me retrouve face à ce splendide spectacle. Tout devient plus calme.
























Donner un sens à sa vie, c’est une question que je me pose souvent et que tout le monde se pose et je trouve les réponses à cette question petit à petit. J’en suis arrivée à cette idée à laquelle j’essaye de me tenir tous les jours. Je me rends compte que lorsque l'on se lève le matin, nous nous disons toujours comment va être ma journée, qu’est-ce que je va manger, qu’est-ce que je vais faire et si ma journée va être belle et heureuse, nous cherchons quel sens nous allons bien pouvoir lui donner. Mais on se demande rarement comment sera la journée de notre voisin ou encore de cet inconnu à l’autre bout du monde, qu’est-ce qu’il va manger, est-ce qu’il va même avoir à manger ou encore si il aura une belle journée. Et c’est plus ça pour moi donner un sens à sa vie, se lever le matin et faire en sorte que chaque geste, chaque parole et chaque action que l’on fait dans notre travail ou bien notre vie quotidienne puisse aider cette personne, que ce soit notre voisin, notre famille, nos amis. Tout le monde souhaite la paix dans le monde, le bonheur, la joie, mais on le sait bien tout commence par soi-même, soyons un modèle pour les autres. Bien sûr il ne faut pas en arriver à s'oublier soi-même mais trouver un juste milieu et faire en sorte que nous puissions aussi bénéficier de nos actions pour les autres.
Ici j’apprends beaucoup à ne pas avoir peur de dire ce que je pense aux personnes qui m’entourent, notamment les bonnes choses, ce qu’ils m’apportent et pourquoi tous les jours je leur souri. Et ça, ça change beaucoup les relations, je dirai même que l’intensité des relations est décuplée. Être simplement sincère, vrai. Le non jugement est ici quelque chose que j’aperçois beaucoup, ou bien si quelqu’un pense quelque chose d’une personne il ira lui dire. Il n’y a pas ou peu de commérage derrière le dos des autres (sauf dans la communauté entre les titas ahah) et ça fait du bien!!! Bon après on apprend aussi à ne pas être susceptible, la franchise ils connaissent et lorsqu’ils n’aiment pas quelque chose que tu as fait ou que tu as dis, ils te le font savoir, ce qui peut faire mal mais au fond n’est pas si mal que ça.

Le week-end dernier nous avons célébré le 7ème anniversaire de la ferme enchantée, je crois que les philippins ont un problème avec l'organisation, ils font tout à la dernière minute. J'étais responsable de tous les stagiaires et des activités qu'ils organisaient, et la première réunion pour préparer cet événement qui était plutôt important a eu lieu 10 jours avant le week-end. Et comme je faisais aussi partie de l'équipe d'accueil avec les réservations et enregistrements, je me suis retrouvée le jeudi et vendredi à imprimer et découper les différents tickets que nous avions besoin pour les visiteurs. Je n'ai jamais été autant occupée et je n'ai jamais autant couru partout que ce week-end. Bref, autant vous dire que j'ai très peu dormi. En plus de cela, nous attendions autour de 400 visiteurs et nous en avons eu 200. Donc un peu déçue d'avoir dépensé tant d'énergie pour cela. Mais ensuite quelqu'un m'a dit que le plus important ce n'était pas le nombre de visiteurs, ou encore l'argent que gagnait la ferme mais bien le fait que toutes les personnes de la ferme ont travaillé ensemble pour préparer et organiser cet événement, que c'était le cœur qu'on y avait mit et les personnes que l'on avait appris à connaître. Et oui c'est sûr que c'est décevant de ne pas arriver à son but mais cela m'a permit de travailler avec des personnes avec lesquelles je n'avais jamais parlé auparavant. Et ça c'est chouette. Il y a une phrase de l'écrivain Paulo Coelho qui résume parfaitement ces moments de rush et de calme, je l'écris en anglais car en Français elle a peu de sens : "Life has a way of testing a person's will, either by having nothing happening at all or have everything happening at once." La vie teste les personnes en faisant en sorte que rien du tout n'arrive dans leur vie ou bien que tout leur arrive d'un coup. (traduction littérale)

De mercredi à samedi avec 20 stagiaires et 20 étudiants nous sommes partis faire un "Bayani Challenge" dans la province de Rizal au Sud de Manille. Bayani signifie "héro" en Tagalog, ces Bayani challenges consistent en 4 jours durant lesquels n'importe qui peut s'inscrire en tant que bénévole et aider Gawad Kalinga dans la construction de maisons, la rénovation des villages et jouer avec les enfants des communautés ainsi que préparer à manger et leur donner lorsqu'ils sont à l'école. Nous étions un peu déçus car nous n'avons pas construit de maisons comme on nous l'avait promit mais repeint certaines et joué avec les enfants. C'était tout de même sympa de passer du temps avec tout le monde notamment avec les étudiants. Cela m'a aussi permis de voir que Gawad Kalinga ce n'était pas que la ferme, de voir tous les bénévoles impliqués de partout aux Philippines, et c'est beau de voir un mouvement si grand, si impressionnant.

 








Les jours passent de plus en plus vite et le départ approche, je veux profiter un maximum des gens qui sont autour de moi, je sais que je pourrais toujours revoir les volontaires en France, mais pour ce qui est des Philippins, je ne sais pas quand sera la prochaine fois. Alors peut-être que je m'éloigne un peu des Français pour passer plus de temps avec les Philippins en ce moment, c'est l'une des raisons pour lesquelles je suis venue ici à la base, aller à la rencontre d'une autre culture.
J'ai vraiment ce sentiment d'être ici depuis très longtemps et que je vais passer toute ma vie ici, difficile d'imaginer que je ne verrais plus ces visages tous les jours, que je ne pourrais plus parler avec toutes ces personnes de vive voix et que je vais les quitter pour une durée indéterminée. Mais une chose est sûre, je reviendrai à la ferme enchantée. J'ai construit de réelles relations et amitiés et j'espère qu'elles dureront.

Mais ce n'est pas le moment de parler de la fin, il me reste encore un bon mois pour profiter de la ferme et ses habitants. J'essaye de me lever tôt tous les matins pour bien profiter de la journée. Je me suis aussi décidée à écrire un petit mot pour chaque étudiant, ou du moins ceux avec qui je suis proche, avant de partir. Je fais un petit point de cette expérience et je prends du temps pour simplement faire ce qui me fait plaisir avec les gens que j'aime.
Je suis impressionnée par leur bonté et leur soucis pour l'autre, ils renvoient de l'amour à profusion et je me demande parfois pourquoi nous avons tellement de retenue alors qu'il serait si simple d'aimer sans artifices et sans fioritures. J'ai été prise d'une migraine assez coriace pendant le Bayani Challenge qui était due je pense à une insolation et tout le monde était au petit soin, à aller me chercher de l'eau, me donner ci, me donner ça, à me faire des massages crâniens, tant les Français que les Philippins. J'ai reçu une grande vague d'amour en plein visage. Et c'est à ce moment que l'on se rend compte du pouvoir de l'amitié et de l'amour.

"L'une des façons de se rendre utile est d'inciter les gens à oublier certaines règles imposées par la société. Les règles importantes sont dictées par nos cœurs." -Paulo Coelho


lundi 1 mai 2017

Technologie et mentalité

Aujourd'hui, Tony Meloto est revenu de son périple. Il était parti pendant une semaine de la ferme.1 jour à Montréal, 1 jour à Ottawa, 1 jour à Toronto puis il a volé jusqu'à Londres et retour ensuite aux Philippines. Je l'ai vu aujourd'hui, il m'a salué de son habituel "Hi Cam, how are you?" il paraissait vraiment fatigué. Mais cela ne l'a pas empêché d'aller dire bonjour à tout le monde dans la ferme, de faire son inspection habituelle voir ce qui a changé, évolué depuis qu'il est parti. Cet homme m'impressionne de par sa force et sa persévérance.

Cela fait 3 semaines que nous n'avons plus de connexion wifi à la ferme enchantée, en plus de cela mon téléphone portable m'a lâché, comment vous dire que je suis totalement déconnectée, mais ça ne me fait pas de mal. Je vais donc dans un cybercafé pour pouvoir un peu d'internet et pouvoir travailler un minimum. Le téléphone est malgré tout un outil de travail majeur à la ferme, je me sens donc un peu en décalage, je me rends demain à Manille pour remédier à cela et renouveler mon VISA par la même occasion. 

Nous assistons ici à la ferme aux arrivées et départs des stagiaires et des volontaires. Ces derniers sont particulièrement difficiles quand on a passé beaucoup de temps avec ces personnes. Et encore ce n'est pas ça qui est compliqué, car je sais que je les reverrais en France, le plus dur c'est de les voir dire au revoir aux Philippins en ne sachant pas si ils se reverront un jour. Je crois que j'ai beaucoup d'empathie en moi ce qui peut être bien et une qualité mais parfois ça me fait défaut et cette hypersensibilité me joue des tours. Je ne peux pas retenir mon émotions lors de ces au revoir. Ce que j'apprécie particulièrement c'est qu'à chaque fois qu'un volontaire s'en va, on lui donne un carnet où tout le monde à écrit un petit mot avec pleins de photos pour qu'il ai un petit souvenir de son passage à la ferme enchantée. Je trouve ça touchant.

J'ai vraiment envie de rapporter un petit peu de cette mentalité philippine en France, lorsque l'on parle de la France aux gens ici et qu'on leur dit que parfois on ne connait pas nos voisins, qu'on ne regarde pas les gens dans la rue, ils trouvent ça choquant. Complètement aberrant même. Et en réfléchissant bien ils n'ont pas tort. Le regard est très important pour eux, et simplement le fait de montrer de la considération envers une personne, lui dire indirectement "je t'ai vu, je sais que tu existes, je te considère comme un autre moi." C'est tout simple et ça ne coûte rien. 
Un regard, un sourire. C'est seulement qu'en France nous n'avons pas la même interprétation, on se sent envahi dans notre espace personnel, on se demande pourquoi elle me sourit, qu'est-ce qu'elle pense au fond, bref on se pose trop de question. C'est mon point de vue bien sûr. Alors que c'est le moyen le plus simple de rendre heureux une personne et de se rendre heureux sois-même. 

Si chacun nous pouvions simplement avoir un regard envers l'autre, envers l'étranger, cette personne que l'on ne connait pas. 
D'autant plus en ce moment de clivage en France, lors des élections, je crois que l'unité est importante, et d'abord se rendre compte de nos points communs plutôt que nos différences. J'espère que la personne qui sera prochainement à la tête de notre pays ne sera pas assez folle pour oublier ces trois principes "liberté, égalité, fraternité" que nous avons fait français mais qui sont aussi des valeurs que nous devons porter en nous dans notre pays et au-delà de nos frontières.